Le Défi du Nombre, par Antoine Waechter et Didier Barthès Editions Baudelaire, juin 2022, 136 pages. 14 €
ISBN 979-10-203-4683-4, 14 €
Fondateur d’Écologie et Survie, co-fondateur des Verts puis fondateur du Mouvement Écologiste Indépendant (MEI), Antoine Waechter fut candidat à la Présidence de la République, puis député européen et vice-président du conseil régional d’Alsace, il est aujourd’hui chef d’entreprise et codirige le MEI. Il est notamment l’auteur du Scandale Éolien (éd. Baudelaire) et, avec Fabien Niezgoda, du Sens de l’Écologie Politique (éd. Sang de la Terre).
Didier Barthès est porte-parole de l’association écologiste Démographie Responsable et coprésident du MEI, il est également le fondateur du site Économie Durable et co-auteur de l’ouvrage Moins Nombreux plus Heureux (éd. Sang de la Terre)
Quand la sixième extinction n’est plus discutable, quand c’est l’équilibre entier de la biosphère qui se trouve menacé, il n’est plus possible de passer sous silence la question du nombre des hommes.
Parce que nos effectifs toujours croissants nous conduisent à occuper tous les territoires du vivant, parce que, sauf à imposer la pauvreté aux plus riches qui ne veulent pas y revenir et aux plus pauvres qui veulent y échapper, notre nombre est et sera toujours un facteur multiplicatif de toutes les pollutions, de toutes les empreintes de l’homme sur la Terre.
C'est un défi colossal que de maîtriser notre démographie, que d'assurer en douceur un retournement des tendances, c'est à dire la stabilisation de nos effectifs puis leur décrue. Économiquement comme démographiquement, l'équilibre de nos sociétés s'appuie sur la croissance, or c'est une option qui n'est désormais plus envisageable: La Terre est saturée. Par nos activités comme par notre notre nombre nous devons nous faire plus modeste sur la planète " Voici venu le temps du monde fini " disait Albert Jacquard.
Certes, le GIEC lui-même, comme la grande majorité du monde politique, Verts compris, continuent à accorder bien peu d’importance à la démographie, mais c’est pourtant la maîtrise de nos effectifs qui conditionne nos chances de lutter efficacement contre l’effondrement qui s’annonce.
Après avoir montré combien notre niveau démographique constitue une exception, un pic forcément non durable dans l’histoire de notre espèce et avoir détaillé la diversité des situations, Antoine Waechter et Didier Barthès explorent les principaux volets de la question.
Le volet écologique d’abord par l’analyse de la capacité de charge de la planète et des contraintes qui pèsent sur les espèces au fur et à mesure de leur évolution démographique.
Le volet de l’alimentation ensuite. Pourra-t-on nourrir toujours plus d’humains ? Les solutions généralement mises en avant (limiter les gaspillages, devenir végétarien, se mettre partout à l’agroécologie…) sont-elles suffisantes ?
Le volet économique aussi, en réfutant l’éternelle objection : « Mais qui va payer nos retraites si nous faisons moins d’enfants ? » Les auteurs montrent que la réponse est loin d’être en faveur d’une forte natalité. D’une part, parce qu’il faut étudier les choses dans la durée (les jeunes d’aujourd’hui sont aussi les vieux de demain), d’autre part parce qu’il faut envisager l’ensemble des comptes sociaux et donc prendre également en compte les lourdes charges liées à l’éducation.
Les influences religieuses et politiques sont aussi explorées en mettant en parallèle les discours et les faits. On découvre que les réponses sont plus subtiles qu’on ne le croit. Il est intéressant également de noter l’écart entre les discours des institutions diverses (États, partis politiques, Églises…) qui sont tous natalistes et celui des citoyens beaucoup plus ouverts à l’évocation du sujet et finalement beaucoup plus conscients de son importance.
L’ouvrage évoque enfin les pistes qui pourraient nous amener à accélérer la baisse de la fécondité. Il est urgent que la régulation relève de notre propre volonté plutôt que de la confrontation forcément brutale aux limites de notre planète.
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